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Liberté de la presse : le Sénégal perd 31 places et régresse à la 104e place du nouveau classement mondial de RSF.

Le nouveau classement mondial de la liberté de la presse 2023 a été officialisé, ce 2 mai, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.

Cette 21e édition du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) sous le titre « les dangers de l’industrie du simulacre » révèle des évolutions majeures et parfois radicales, liées à une instabilité politique, sociale et technologique. La présente étude sur la liberté de la presse évalue les conditions d’exercice du journalisme dans 180 pays et territoires. Il apparaît que la situation est jugée “très grave” dans 31 pays, “difficile” dans 42 et “problématique” dans 55, alors qu’elle est “bonne” ou “plutôt bonne” dans 52 pays. Autrement dit, les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans 7 pays sur 10 et satisfaisantes dans seulement 3 pays sur 10.
Le Sénégal (104e) perd 31 places.

Les baisses les plus importantes de l’édition 2023 se trouvent notamment en Afrique. Modèle régional jusqu’à il y a peu, le Sénégal quitte la 73e place pour se positionner à la 104e après avoir perdu 31 places. Cette régression du pays de la Téranga s’explique notamment du fait des poursuites dont ont fait l’objet les journalistes Pape Alé Niang et Pape Ndiaye et de la forte dégradation des conditions sécuritaires des journalistes.

La Namibie (22e), l’Afrique du Sud (25e), le Cap-Vert (33e), les Seychelles (34e) et la Gambie (46e) occupent respectivement le haut du classement africain avec une situation « plutôt bonne » tandis que le bas marqué par une situation « très grave » dans l’exercice du journalisme est fermé par le Djibouti (162e) et l’Érythrée (174e) où la presse reste soumise à l’arbitraire absolu du président Issaias Afeworki.

Au Maghreb, la Tunisie (121e) du président Kaïs Saïed, de plus en plus autoritaire et intolérante aux critiques de la presse, dévisse de 27 places.

Même si l’Afrique enregistre quelques hausses notables, comme celle du Botswana (65e) qui gagne 30 places, l’exercice du journalisme est globalement devenu plus difficile sur le continent où la situation est désormais qualifiée de “difficile” dans près de 40% des pays (contre 33% en 2022). C’est le cas notamment au Burkina Faso (58e), où des chaînes internationales ont été suspendues et des journalistes expulsés et plus généralement de la région du Sahel, qui est en train de devenir une “zone de non-information”. Le continent a été aussi endeuillé par plusieurs assassinats de journalistes, dont celui, récemment, de Martinez Zongo au Cameroun (138e).

La Norvège, leader depuis 7 ans consécutifs.

La Norvège conserve sa première place pour la 7e année consécutive dans le classement mondial de la liberté de la presse dans le monde. Une fois n’est pas coutume, un pays non nordique est placé en seconde position, à savoir l’Irlande (2e ; +4), avant le Danemark (3e ; -1). Les Pays-Bas (6e), qui gagnent 22 places, retrouvent la position qu’ils occupaient en 2021, avant l’assassinat du journaliste Peter R. de Vries. Le bas du Classement connaît également des changements. Le trio de fin est composé exclusivement de pays asiatiques : le Vietnam (178e), qui a parachevé sa chasse aux reporters et aux commentateurs indépendants ; la Chine (179e ; -4), plus grande prison pour les journalistes au monde et l’une des principales puissances exportatrices de contenus de propagande et, sans grande surprise, la Corée du Nord (180e).

L’Europe est la région du monde où les conditions d’exercice du journalisme sont les plus faciles, notamment au sein de l’Union européenne. La situation sur le continent est cependant mitigée. L’Allemagne (21e), qui enregistre un nombre record de violences et d’interpellations de journalistes sur son territoire, perd 5 places. La Pologne (57e), où l’année 2022 a été relativement calme sur le plan de la liberté de la presse, progresse de 9 places et la France (24e) en gagne 2.

Les Amériques n’affichent désormais plus aucun pays en vert. Le Costa Rica (23e ; -15) qui était le dernier pays de la zone encore avec une “bonne” situation, a changé de catégorie après avoir perdu 5 points du fait d’une diminution très importante de son score politique (-15,68 points) et se positionne désormais derrière le Canada (15e ; +4). Le Mexique (128e), perd encore une place cette année et comptabilise le plus grand nombre de journalistes disparus au monde (28 en 20 ans).

La région Asie-Pacifique abrite toujours parmi les pires régimes du monde pour les journalistes. La Birmanie (173e), deuxième prison du monde pour les journalistes depuis le coup d’État de la junte militaire, et l’Afghanistan (152e), où les conditions de travail des journalistes ne cessent de se détériorer et où les femmes journalistes ont été littéralement effacées de la vie publique, restent en queue de classement.

Les effets de l’industrie du simulacre

L’édition 2023 met en effet en lumière les effets fulgurants de l’industrie du simulacre dans l’écosystème numérique sur la liberté de la presse. Dans 118 pays, soit les deux tiers des pays évalués par le Classement, la majorité des répondants au questionnaire signalent une implication des acteurs politiques de leur pays dans les campagnes de désinformation massive ou de propagande de manière régulière ou systématique. La différence s’estompe entre le vrai et le faux, le réel et l’artificiel, les faits et les artefacts, mettant en péril le droit à l’information. Les capacités de manipulation inédites sont utilisées pour fragiliser celles et ceux qui incarnent le journalisme de qualité, en même temps qu’elles affaiblissent le journalisme lui-même.

Il s’agit de la deuxième édition du Classement mondial de la liberté de la presse réalisée avec la nouvelle méthodologie, élaborée en 2021 par un comité d’experts issus du monde universitaire et des médias. Il en résulte cinq nouveaux indicateurs qui structurent le Classement et donnent une vision de la liberté de la presse dans sa complexité : contexte politique, cadre légal, contexte économique, contexte socioculturel et sécurité.
Dans les 180 pays et territoires classés par RSF, ces indicateurs sont évalués sur la base d’un relevé quantitatif des exactions commises envers les journalistes et les médias, ainsi que d’une étude qualitative fondée sur les réponses de centaines d’experts de la liberté de la presse sélectionnés par RSF à une centaine de questions.

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