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Soutien à Amadou Ba : Abdoulaye Daouda Diallo 100 MAUX

Abdoulaye Daouda Diallo s’était dévoilé au lendemain de l’annonce par Macky Sall de renoncer à une troisième candidature. Fort de son titre de membre-fondateur de l’Alliance pour la République, ADD se voyait en successeur légitime de Macky Sall. Porté par une partie de son parti, le maire de Boké Dialloubé semblait décidé à s’opposer à la volonté de son président de la République d’ami, Macky Sall, et barrer la route à Amadou Ba sur la voie de l’élection présidentielle de février 2024. Mais en fin de compte, et suite à de nombreuses tractations, il a fini par se faire une raison, malgré sa frustration.

Tout devrait maintenant rentrer dans l’ordre entre Macky Sall et son ami et fidèle compagnon, Abdoulaye Daouda Diallo. Les relations entre les deux hommes n’ont pas toujours été roses ces derniers mois. Parmi les moments difficiles, on peut rappeler la nomination par le président de la République et leader de Benno bokk yaakaar (Bby) de Amadou Ba comme Premier ministre, en septembre 2022. Cela avait entraîné la sortie du gouvernement de Abdoulaye Daouda Diallo dont tout le monde connaît la déplorable qualité de ses relations avec le nouveau Premier ministre.

ADD ne va pour autant pas trop s’éloigner des cercles du pouvoir, car il va se retrouver comme patron du Cabinet présidentiel, donc plus proche collaborateur de son « ami» Macky. La sortie de Idrissa Seck de la Coalition Benno bokk yaakaar va opportunément libérer la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese), et lui permettre d’occuper un fauteuil qui ne le met pas en position moins dévalorisante que son frère-ennemi Amadou Ba. De cette station, Abdoulaye Daouda Diallo ne s’imaginait pas aller ailleurs qu’au Palais de l’avenue Senghor. C’est donc naturellement qu’à l’annonce de la non-candidature de son frère et leader Macky, il a voulu reprendre le flambeau.

Hélas, le choix de Amadou Ba comme candidat de la coalition présidentielle est apparu pour ADD et ses partisans comme une deuxième offense de la part de celui pour qui il estime avoir tout sacrifié, Macky Sall.

Des sacrifices pour Macky
Après un Bac obtenu au lycée Charles de Gaulle de Saint-Louis et une maîtrise en sciences économiques à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Abdoulaye Daouda Diallo est admis à l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam, actuel Ena). Membre de la promotion 1990-1992, ADD est aussi diplômé du Centre ouest-africain de formation et d’études bancaires (Cofeb). En tant que responsable politique libéral, il a eu à bénéficier de nominations sous le magistère du Président Abdoulaye Wade. Directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) entre 2001 et 2003, Secrétaire général du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes, devenu Cese) de 2005 à 2007, Secrétaire général de l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres), il a également été affecté à la société de transport Dakar Dem Dikk. Fort de toutes ces expériences, il choisira néanmoins de suivre son ami Macky Sall qui a fini par claquer la porte du Parti démocratique sénégalais avec lequel il était entré en conflit ouvert.

Mis au frigo entre 2008 et 2012 à la Direction des impôts et domaines (Dgid) pour avoir choisi Macky Sall dans la création de l’Alliance pour la République (Apr/Yakaar)ADD va s’évertuer à implanter son parti dans son fief de la région de Podor, au Fouta. Jusqu’en 2012, ce seront des années d’opposition dans le département où il réussit à implanter le nouveau parti sans pour autant s’imposer devant les cadors libéraux, dont son oncle, Sileymane Sow, président du Conseil rural de Boké Dialloubé entre 2009 et 2014.

ADD, un ministre au long cours
L’arrivée de Macky Sall au Palais présidentiel en 2012 lance une série de nominations pour Abdoulaye Daouda Diallo, comme si Macky voulait, quelque part, récompenser ses sacrifices entre 2008 et 2012. Sa fidélité au président de la République lui a valu d’être ministre durant 10 ans sans interruption (entre 2012 et 2022). De son premier poste de ministre à sa dernière nomination à la présidence du Conseil économique, social et environnemental, tout s’est joué entre avril et septembre. Entre avril 2012 et septembre 2013, il occupe le poste de ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget. En septembre 2013, une promotion l’amène à la Place Washington pour un bail de 4 ans comme ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique. Au mois de septembre 2017, après l’organisation des élections législatives, que beaucoup d’observateurs ont jugées comme étant « les plus calamiteuses » que le pays ait connues depuis de nombreuses années, il est exfiltré vers le ministère des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, jusqu’au 5 avril 2019. Un autre mois d’avril où il devient ministre des Finances et du budget à la réélection de Macky Sall pour un deuxième mandat, jusqu’en septembre 2022. Comme dit plus haut, le choix de Amadou Ba comme Premier ministre l’envoie au palais de la République pour devenir ministre d’Etat et directeur de Cabinet du président de la République pour 7 mois, pour atterrir au Cese, qu’il continue d’occuper jusqu’au moment où paraît ce journal. C’est d’ailleurs au siège de cette institution qu’il a rassemblé ses partisans pour leur annoncer qu’il acceptait le choix de Amadou Ba comme candidat unique de la Coalition Benno et se rangeait derrière lui pour la victoire à la prochaine élection.

Le choix de Amadou Ba en 2024, une deuxième frustration
Avec le retour du poste de Premier ministre, les responsables de l’Apr ont fait des élections législatives de juillet 2022 un défi pour occuper ce poste. Au soir du 31 juillet 2022, Abdoulaye Daouda Diallo, tête de liste départementale de la Coalition Benno bokk yaakaar à Podor, obtient un score inégalé sur l’étendue du territoire national, avec 87, 25 % des suffrages départementaux. Ce qui permet à ses partisans de rêver du poste de chef du gouvernement pour leur mentor après d’importants portefeuilles ministériels et son score à Podor. Mais la nomination d’Amadou Ba à ce poste le 17 septembre 2022, est une pilule qui passe mal. Les soutiens du Coordonnateur départemental de l’Apr-Podor voient en Amadou Ba « un responsable apériste battu», du fait du très faible score réalisé par la coalition au pouvoir lors de ces législatives.

Quelques jours après le renoncement de Macky Sall à une troisième candidature, Abdoulaye Daouda Diallo venait d’affirmer ses ambitions présidentielles avec une tournée au Nord (Podor et Matam), pour montrer ses intentions à ses militants et recevoir les bénédictions des chefs religieux. Mais en préférant Amadou Ba, considéré «non-membre de l’Apr authentique », Macky Sall a une fois de plus, surpris amèrement son ami. Les partisans de ADD n’ont pas accepté ce dernier affront, d’autant plus que pour ces militants, Amadou Ba n’a pas fait ses preuves dans beaucoup d’élections. La déception a fait qu’à un moment, le président du Cese a été tenté de s’allier avec d’autres ténors de l’Apr, aussi déçus que lui, et qui avaient imaginé une candidature parallèle à celle soutenue par le président de la République. Cela a entraîné des tractations à plusieurs niveaux, et même l’intervention de certains chefs religieux, pour faire entendre raison à Abdoulaye Daouda Diallo.

Un soutien pour préserver l’unité de l’électorat
Aïssata Tall Sall, maire de Podor d’alors, avait «osé» en 2019, une candidature à une élection présidentielle, mais a fini par être recalée à l’étape des parrainages. Avec le choix de Amadou Ba, il est quasiment assuré que Mamadou Racine Sy, maire de Podor et très proche du Premier ministre, ne va plus franchir le Rubicon et se rangera derrière son ami. La volonté de ADD de soutenir le candidat de la majorité permettra à la coalition au pouvoir de ne pas morceler un électorat qui est lui entièrement acquis. Celui qui est surnommé par ses partisans «Thiewnguel diom bernde mbarodi» (l’homme au cœur de lion en pulaar) a déclaré se soumettre à la volonté de plusieurs de ses militants et sympathisants ; pourtant, ce sont ceux-là qui avaient vendu sa candidature, pour «continuer la vision 2035 du Président Macky Sall», mais aussi comme étant celle de l’Apr authentique. Si la déclaration du vendredi 8 septembre faisait état d’une frustration démesurée à Boké Dialloubé et dans le département de Podor, celle de samedi dernier, faite par ADD pour déclarer renoncer à sa candidature et apporter son soutien à la candidature de Amadou Ba, a soulagé les partisans qui ont été plus surpris par Macky Sall que par leur mentor. Car ces partisans ont toujours indiqué à qui veux l’entendre être à « l’écoute de ADD pour suivre toute décision émanant de lui ».

De son côté, le Premier ministre et candidat choisi, Amadou Ba, s’est empressé de tweeter : «Je salue la décision que vient de prendre mon frère, le président du Cese, M. Abdoulaye Daouda Diallo, merci Abdoulaye ! Nous gagnerons ensemble et travaillerons main dans la main pour poursuivre la mise en œuvre de la vision du président de la République Macky Sall, à qui je réitère l’expression de ma profonde gratitude.» Une marque de grandeur face à ADD qui, dans sa déclaration, s’est abstenu, comme noté par tout le monde, de citer une seule fois ledit Amadou Ba. 

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